Syndic de copro et écologie : la pandémie va-t-elle changer la donne ?
- 09 octobre 2020 | Stéphane Pujol
Le coronavirus, le confinement et la crise qui s’ensuit nous ont laissés dans l’espérance d’un « Monde d’Après« , dont on ne sait d’ailleurs pas très bien ce qu’il contient… Mais dont on est sûr qu’on en attend du changement ! C’est aussi vrai pour les syndics de copropriété. Comme tout le monde, nous aspirons à un monde meilleur, plus juste, plus vert. Mais syndic de copro et écologie font-ils bon ménage ? Le développement durable a-t-il sa juste place dans la gestion des immeubles aujourd’hui ?
La réponse est malheureusement « non », hélas, ou « non, pas encore ». Je le regrette, et je vais vous expliquer pourquoi les syndics de copropriété ne peuvent pas encore tous s’inscrire pleinement dans un mouvement volontariste éco-responsable.
Un syndic de copro éco-responsable cela ne peut pas exister ?
Un syndic avec des collaborateurs qui ont une sensibilité écolo, qui vivent l’écologie, et même qui votent écolo, cela existe bien sûr. Chez Immobilière Pujol, nous avons cette sensibilité éco-responsable et nous nous engageons quotidiennement, au bureau comme dans nos vies personnelles.
Mais un syndic qui dans son métier a la possibilité de véritablement transformer un immeuble, c’est plus compliqué. Pourtant, les moyens sont grands pour permettre à un immeuble de devenir plus « vert« . Des actions concrètes sont possibles à plusieurs niveaux : consommation raisonnée des fluides (chauffage et eau), travaux d’isolation, diminution de la température dans les appartements, suppression des produits chimiques pour l’entretien, modification des espaces verts pour la biodiversité et la perméabilité des sols… La copropriété a potentiellement beaucoup de pouvoir et d’impact potentiel sur son environnement. Et il est de notre devoir de les conseiller en ce sens lors des assemblées générales.
Malheureusement, il est quasiment impossible aujourd’hui d’emporter l’adhésion de tous. Par conséquent, un syndic qui se positionnerait délibérément dans ce sens n’aurait aujourd’hui que peu de succès. Même dans le Monde d’Après.
Les idées reçues ont la vie dure
La première chose à laquelle on se heurte lorsqu’on propose un angle écologique à la gestion d’une copropriété, c’est la question de la rentabilité. Dans l’imaginaire des propriétaires, engager des actions éco-responsables n’est pas rentable pour la copropriété.
Ensuite, certains syndics eux-mêmes qui pensent que ça ne vaut pas le coup pour leur rentabilité. Il est vrai que ce ne sont pas les honoraires de suivi des travaux ou des projets que nous prenons qui compensent le temps passé et l’engagement que nécessitent ces travaux. Et puis même si nous avons un devoir de conseil, ce n’est pas le syndic qui décide, car il n’est que mandataire. Et si un syndic pousse à faire des travaux, pousse à la dépense, vous croyez qu’il sera réélu ?
Il y a aussi un élément plus culturel. Chez les propriétaires clients des syndics, la prise de conscience qu’il y a de vrais besoins d’éco-rénovation est encore très récente, quand elle existe. Et globalement, dans notre métier, les compétences n’existent pas toujours, ni chez la plupart des fournisseurs ! Bien sûr, il y a de bonnes volontés, mais il y a aussi un manque réel de compétences techniques, notamment pour l’évaluation précise de l’impact économique, à court, moyen et long terme.
Ceci nous met, nous professionnels de l’immobilier, dans une situation de dissonance. Quand nous voulons faire bouger les lignes, nous passons par le conseil syndical pour suggérer, pour proposer sans en avoir l’air, mais nous n’avons que très peu de cas d’école à présenter, de données, de retour d’expérience. Et nous abandonnons certains projets visionnaires avec regret.
Pour toutes ces raisons, je n’ai jamais vu de syndic s’engager ouvertement et pousser ses copropriétés à réaliser de gros travaux à adopter un comportement ouvertement éco-responsable.
Un syndic anti-écolo ou irresponsable, par contre cela existe !
Heureusement ils sont rares ! Mais nous recevons souvent des personnes qui nous décrivent des comportements de leur ancien syndic à faire froid dans le dos à tous les professionnels sérieux du métier. Voici quelques petites phrases qu’on entend régulièrement :
- Le syndic n’a jamais le temps de s’occuper de ces sujets ou de ses clients
- Il ne mesure pas les consommations d’eau, de gaz, d’électricité et n’en rend pas sur la copropriété
- Il n’a jamais fait réaliser les audits énergétiques et les DPE collectifs dans les immeubles
- Ou quand il a fait faire ces audits, il ne s’en sert pas pour prévenir ses clients ou à orienter leurs projets de travaux
- Il gère encore des copropriétés avec des chauffages au fuel
- Il conçoit des espaces verts en dépit du bon sens (un gazon anglais à Marseille ?!)
Ce n’est pas forcément de la mauvaise volonté. Plutôt un manque de formation, d’information ; un manque de moyens aussi, et peut-être que beaucoup ne savent pas transmettre les bénéfices d’un regard plus responsable sur la gestion de la copropriété, à court ou long terme.
Pourquoi les syndics ont intérêt à s’engager dans l’écologie
Tandis que l’essentiel de la profession tourne donc le dos à l’écologie, nous travaillons chez Immobilière Pujol à proposer un peu d’innovation dans le domaine. Il ne s’agit pas pour nous de surfer sur une quelconque vague, mais de pragmatisme. D’abord parce que nous sommes conscients de notre rôle dans la société et sur notre territoire. Une gestion plus vertueuse pour notre environnement, c’est tout simplement… Un meilleur environnement, directement là sous nos yeux !
D’autre part, les mathématiques sont formelles : l’écologie, ça peut être rentable, et même plus – voire beaucoup plus – que les économies de bout de chandelle. Parlons de la valorisation du bien. Qui aujourd’hui a envie d’acheter un appartement dans un immeuble dont l’isolation date d’avant le 1er choc pétrolier ? Qui a envie d’investir dans un bien qui est une passoire thermique, à 3000 euros de charges par an ? Qui peut encore, en pleine canicule, voir des litres d’eau potable utilisés pour arroser la pelouse de la copropriété sans culpabiliser ?
Dans « conseil syndical de copropriété » il y a « conseil ». C’est un angle tellement occulté que dans le langage courant on l’a supprimé pour ne plus dire que « syndic ». Il est donc de notre devoir d’accompagner les propriétaire dans la gestion de leur patrimoine.
Regardez le prix au m² de revente dans certains immeubles et vous comprendrez tout de suite pourquoi il est très rentable, à relativement court terme, d’engager certaines démarches. Comme ce sont les petites rivières qui font les grands ruisseaux, il est inutile de lancer tous les sujets en même temps, au risque de créer un rejet. Mais progressivement, par petits bouts, je suis convaincu que nos clients seront heureux d’avoir été bien conseillés et menés sur ce chemin.
Quant à ceux dont le syndic n’a pas changé une virgule à son mode de fonctionnement depuis 10 ans, il est temps qu’ils s’interrogent et considèrent peut-être une autre façon de gérer leur patrimoine.
Vous êtes propriétaire et vous avez envie d’engager vos copropriétaires dans ce genre de démarche ?
Vous êtes un jeune professionnel et vous avez envie de construire une autre image des syndic ?
Venez en discuter avec nous, ensemble nous n’allons peut-être pas changer le monde, mais nous pouvons commencer par changer ce que nous avons sous les yeux !
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