Trop fière, mon premier immeuble sorti de péril : sauver un immeuble, apprendre un métier
- Le marché immobilier à marseille L'équipe
- 12 février 2025 | Stéphane Pujol
Les immeubles du centre-ville de Marseille sont remplis de cachet, sont gorgés d’histoire, les occupants se connaissent, se retrouvent pour certains tous au café du coin, flânent dans nos rues…
De cette architecture remarquable, nous pouvons soupçonner de temps en temps quelques fissures sur les façades, mais elles ne sautent pas forcément aux yeux…
Et pourtant, le 14 Juin 2022 au 17 rue sainte dans le 1er arrondissement de Marseille, c’est bien le bar à vin du coin, qui a fermé ses portes du jour au lendemain.
Le 14 Juin 2022, l’immeuble du 17 rue Sainte était frappé par un arrêté de mise en sécurité provisoire.
Tant le Syndic, que les copropriétaires savaient que la procédure serait longue et coûteuse.
Des étais ont été posés pour mettre en sécurité, les caves nettoyées et curées mais rien d’autre.
Le 09/02/2023, nous avons été est élue Syndic.
Le 21/03/2023, un arrêté de mise en sécurité est de nouveau prononcé.
C’était à nous de jouer à présent.
Un BET est mandaté, le diagnostic est rendu :
– Bombements (flambage) importants sur le sol des caves
– Erosion du mur mitoyen
– Affaissement notoire du plancher haut des caves.
Les entreprises sont consultées, les devis présentés aux copropriétaires.
Le 02/07/2024, Stéphane qui avait traité ce dossier en direct jusqu’à présent me demande d’assister à cette assemblée générale, nous votons les travaux en AG, les appels de fonds sont immédiatement effectués.
Je ne suis alors gestionnaire que depuis 6 mois, précédemment juriste pendant 3 ans.
Stéphane me demande de prendre en main ce dossier. Il me fait confiance.
Je comprends donc que je vais assister et devoir maîtriser un chantier structurel de A à Z.
Je mentirai si je ne vous disais pas que le syndrome de l’imposteur a très vite fait surface.
J’ai donc fait une multitude d’allers-retours entre mon bureau et celui du directeur technique.
Ces termes, logiques pour certains, mais totalement inconnus dans mon langage courant.
“Bertrand, c’est quoi des baïonnettes ?”
“Bertrand, c’est quoi un ragréage ?”
“Bertrand, c’est quoi un flambage ? ”
Avec beaucoup de travail et de convictions, j’ai pris les choses en main.
J’ai arrêté d’avoir peur quand j’ai compris que nous parlions des mêmes choses avec notre Maître d’Oeuvre et la Société et qu’ils me demandaient à moi, ce qu’il fallait faire.
Il y a 6 mois je ne savais pas. Maintenant, je sais, et je n’ai pas le choix. Les conséquences sont trop importantes.
Presque 200.000€ de travaux, et seulement 2 propriétaires qui en supportent le coût.
Les loyers sont gelés par la mise en sécurité.
Il n’est pas question de perdre de temps.
Après avoir réceptionné presque la totalité des fonds, le bon pour accord est envoyé, les travaux débutent mi-septembre.
Chacune des réunions de chantier fut un apprentissage:
Chacune des réunions de chantier fut un apprentissage, une réelle montée en compétences, riches intellectuellement et personnellement d’apprendre toujours de nouvelles choses. Départ à chaque fois vers plus de confiance en moi.
Outre la technique, il y a évidemment l’humain.
Comment agir face à des copropriétaires démunis qui comptent sur vous afin de retrouver leur tranquillité.
Face à ce copropriétaire, qui connaît cet immeuble depuis plus de 30 ans, qui l’a vu évoluer, qui connaît l’intégralité de son histoire, de ses travaux.
Il faut se détacher, mais pas trop.
Être investi, mais pas trop.
C’est donc ça le métier de syndic ? Canaliser ses émotions, ne pas trop prendre à cœur, ne pas tout prendre pour soi.
Se convaincre que l’on fait du bon travail, malgré tout. Malgré les retards sur le chantier. Malgré les retours des copropriétaires, parfois insatisfaits.
Le jeu en valait la chandelle.
C’était la première fois que je voyais un plancher totalement déconstruit, que je voyais :
un IPN en millefeuille,
un poteau de soutien dans une cave qui ne soutenait plus que lui-même, totalement désolidarisé,
une cloison devenue porteuse qui, avec le temps, soutenait en fait le plancher haut (plafond) du rez-de-chaussée. Cette petite cloison, décorée de briquettes par le bar à vin, une simple petite cloison qui nous a fait retarder le chantier. Surprise….
Cette cloison ne reposait sur rien, et pourtant tout reposait sur elle.
Elle n’était pas à l’aplomb des murs de refend (de soutien) en cave.
Cela a généré des travaux supplémentaires, non prévus demandant de reprendre ce mur séparatif afin qu’il repose sur les murs de refend.
Nouvelle AGS et nouveaux appels de fonds.
Les travaux sont à l’arrêt. On ne peut plus rien toucher sans que ledit mur soit repris.
Les copropriétaires font tout pour que l’on reprenne rapidement, rassemblent les fonds.
Le chantier peut reprendre.
Un dévoiement du réseau est effectué pour pouvoir effectuer les injections de résine dans le sol.
Nouvelle surprise, on se rend compte que la colonne horizontale apparente est en mauvais état, du mur de la cave jusqu’à la rue. Ça fuit dans toute la cave.
Un plombier est mandaté.
On reprend.
Nous sommes en décembre 2024, le mur du commerce a été repris, le poteau de soutien dans la cave a été maçonné, le réseau est en bon état, le sol de la cave a été curé et nettoyé.
Les injections de résine seront effectuées mi-janvier.
Le Maître d’œuvre et la société mandatée ont fait du très bon boulot, ont pris le temps de m’expliquer point par point ce qui était effectué.
On souffle un peu avant les fêtes.
Le 9 Janvier 2025, le Maître d’œuvre et l’entreprise nous confirment : les travaux de structure sont terminés.
Cette même date, le 9 Janvier 2025 je fête également mes 1 an en tant que gestionnaire de copropriété chez Pujol. Le chemin parcouru, en seulement 6 mois, me paraît immense.
Les services compétents de la ville de Marseille sont immédiatement contactés.
Je me précipite pour leur demander un rendez-vous sur site après les injections.
Nous convenons du 28/01/2025.
Tout le monde est convoqué.
Tout le monde est présent.
Nous attendons ça depuis presque 2 ans !
J’esquisse un grand sourire en arrivant sur site, je croise le regard inquiet et en même temps confiant des copropriétaires.
J’empoigne la main des agents des services de la ville qui suivent le dossier, avec confiance.
Le Maître d’œuvre explique les travaux effectués avec détail.
Je ne peux m’empêcher alors de demander discrètement à l’agent si pour lui les travaux préconisés sont bien réalisés.
« OUI, nous vous sortons de la mise en sécurité »
Nous pouvons tous souffler !
Bonheur du travail bien fait avec la bonne volonté de nos copropriétaires mais aussi de JADE CONSTRUCTION et AXIOLIS qui ont été particulièrement investis et réactifs dans ce dossier. MERCI A EUX
Emma Dumollard-Leoni
Gestionnaire de copropriétés
IMMOBILIERE PUJOL
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